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Dressage d'un chiot
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Pour un jeune chiot, il est inutile de parler de "dressage" proprement dit.
De la naissance à environ six mois, il s'agit plutôt d'éducation. Naturellement, à cet âge, les coups et les cris sont inutiles.
On ne saurait non plus commencer un dressage en règle avant l'âge de six mois, car cela risquerait de traumatiser l'animal. Celui-ci est d'ailleurs, à cette époque, beaucoup trop jeune pour comprendre.
Il ne pourra donc être question de dresser un chien, dans le vrai sens du mot, que lorsque son caractère sera déjà bien marqué, c'est-à-dire vers l'âge de six mois.
À cet âge, l'animal aura déjà pris certaines habitudes, parfois contraires au travail ou à la formation auxquels vous le destinez.
Il faudra user de moyens répressifs, parfois même violents. C'est justement l'ensemble de ces moyens que l'on appelle communément "dressage".
Il faut cependant bien comprendre qu'avec une succession de redressements, on ne saurait arriver à créer une vraie communion entre la bête et son propriétaire.
La raison pour laquelle on fixe à six mois (plus ou moins) le temps propice à l'entraînement proprement dit est facile à comprendre si nous établissons un parallèle avec l'être humain.
On admet, compte tenu des durées respectives de la vie, qu'un chien de vingt mois est au stade d'un homme de vingt ans. Or, l'enfant de deux ans apprend déjà les lois de l'obéissance et de la bonne tenue. Il reçoit donc une éducation dès cet âge, ce qui correspond chez le chien, à deux mois. C'est donc dire qu'à deux mois, le jeune chiot est prêt, d'abord à apprendre les règles élémentaires de la propreté, puis à répondre à l'appel de son maître et à l'aimer, ce qui sera primordial pour le dressage à venir et même pour toute la vie du chien.
Si on considère le cycle normal de l'éducation d'un enfant, celui-ci, après avoir été préparé par ses parents, prendra le chemin de l'école vers l'âge de six ans, et ce n'est que vers l'âge de seize ans qu'il entreprendra des cours spécialisés ou techniques.
L'enfant passe donc, de son enfance à sa majorité, par trois stades d'éducation bien différents, parfaitement adaptés à son âge.
Pour le chien, du fait qu'il ne lui sera jamais demandé un travail qui ne soit exclusivement le prolongement de ses facultés physiques, l'évolution de l'éducation est simplifiée.
Le parallèle avec l'enfant peut s'arrêter à ce qui correspond à l'entrée en apprentissage, soit à seize ans. On considère donc qu'un chien de seize mois peut être mis en service.
Voyons maintenant quel genre d'éducation un chien en âge de sevrage, c'est-à-dire âgé d'environ deux mois, est apte à recevoir.
D'abord, la propreté et les bonnes manières. Il comprendra parfaitement la réprimande s'il a le malheur de faire un dégât ou de mettre les pieds dans un endroit interdit.
Nous avons d'ailleurs expliqué les moyens à prendre, dans les pages sur la propreté.
Un chien de cet âge est aussi apte à comprendre le sens de la fidélité, qui est de la plus haute importance.
Il faut dire que l'instinct de la fidélité est propre au chien, parce qu'il vit en bande dans la nature, en meute, et qu'il est naturellement soumis à un chef de meute.
On peut donc affirmer qu'un chien domestique se comporte envers son conducteur, son dresseur ou son maître, comme un chien sauvage envers son chef de meute.
L'homme devient un "chien-chef" à ses yeux. Voilà qui explique la difficulté qu'ont parfois les bons chiens à s'adapter a de nouveaux maîtres. Il leur faudra souvent un temps assez long pour ne parvenir quelquefois qu'à une adoption partielle du nouveau maître.
Dès le sevrage, le contact que prendra le jeune chiot avec son maître sera d'une importance déterminante. Pour la première fois, il sera en contact avec l'odeur de l'être humain.
En même temps, le maître prononcera le nom de son chien avec gentillesse, d'une voix caressante. L'animal pourra ainsi associer l'odeur de son maître et le son de sa voix.
Puis, sous la surveillance du maître, le chien prendra ensuite contact avec le monde extérieur.
Le maître jouera ainsi tout de suite le rôle de protecteur, ce qui amènera le chien à le considérer comme son protecteur naturel.
Le maître jouera donc le rôle de père, de protecteur, de celui qui connaît les dangers et qui a le pouvoir de les affronter, c'est-à-dire le chef de meute.
Comme nous l'avons déjà mentionné, l'éducation du chiot comprendra d'abord l'apprentissage de la propreté. C'est à cet âge tendre qu'il faut aussi commencer l'éducation au rappel et à la recherche du maître.
Venons-en maintenant au point le plus important : la hiérarchie des sens chez le chien.
Chez l'homme, on sait qu'ils se classent dans l'ordre suivant, selon leur degré de développement et d'utilisation: la vue, l'ouïe et enfin l'odorat.
Chez le chien, c'est l'inverse: l'odorat, l'ouïe et enfin la vue.
Le chien est donc fait pour compléter l'homme.
L'odeur le frappe comme nous les images et il observe par le nez comme nous observons par les yeux.
Quant à l'ouïe, elle est infiniment plus développée que la nôtre, ce qui explique la légèreté du sommeil des chiens.
Ceux-ci peuvent entendre des bruits qui nous sont absolument inaudibles. Cela a permis d'utiliser un sifflet, silencieux pour nous, dont le son très aigu n'est perçu que par l'animal, même à plusieurs centaines de mètres.
Il est surtout utile dans le cas où le maître doit à tout prix éviter de révéler sa présence.
Évidemment, le chien devra être dressé à répondre à cet appel.
Le sens de la vue chez le chien est par contre peu développé, tout comme l'est le sens olfactif chez l'homme.
Il faut dire aussi que le chien possède un merveilleux sens de l'observation. Il connaît vite toutes nos habitudes et toutes nos faiblesses, ainsi que tout ce qui se passe dans notre entourage et à l'intérieur de la maison.
Aucun bruit, aucun geste ne lui échappe. Il reconnaît ainsi très tôt le jour que vous réservez à son entraînement comme ceux où vous avez l'habitude de sortir avec lui.
Il faut cependant tirer une leçon de ce don d'observation extraordinaire. Le chien nous observe attentivement de façon constante alors que nous ne concentrons vraiment notre attention sur son comportement que durant les heures d'entraînement.
C'est la raison pour laquelle il est préférable de ne pas vivre constamment en compagnie d'un chien de travail. Celui-ci considérera vite comme permises des actions méritant une réprimande mais qu'il aura commises impunément, du fait de notre inattention.
Et quand, nous mettant soudain à le surveiller, nous le punirons, il ne comprendra plus. Il n'y a pas de plus sûr moyen de dérouter l'animal que l'inconstance de la discipline.
Lorsqu'on parle de régularité, il ne faut surtout pas confondre avec gestes mécaniques. Le chien, comme l'être humain, doit savoir pourquoi il travaille et comprendre la nature de ce travail.
Le dressage ne conduit pas à l'abrutissement.
Le chien est un être très sensible et son instinct est extraordinairement développé. Ses efforts ne seront fructueux que s'ils sont guidés par les sens et par l'instinct.
Un dresseur habile et compétent pourra aider à développer ses facultés innées.
On comprendra plus facilement en établissant une comparaison entre le chien de cirque et le chien de travail.
Vous arriverez à faire marcher un chien en station verticale ou à lui faire exécuter un saut périlleux mais ce sont des gestes qui n'ont aucun rapport avec la nature.
Même si vous parvenez à le faire "travailler" pour vous faire plaisir, vous devrez le mécaniser puisque ce que vous lui demandez n'a rien de naturel et d'essentiel pour lui.
Chez le chien de travail, ce sont les facultés naturelles qui sont cultivées et canalisées au profit du maître. Tout son psychisme fondamental est véritablement impliqué; non seulement sa musculature, mais tout son être intérieur participe.
L'art du dressage n'est donc pas un anéantissement des qualités naturelles ni un abrutissement.
Il consiste, au contraire, à tirer profit de ces qualités naturelles. |
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